Dark Rags
Evan Parker l Keith Rowe

track listing
Dark Rag #1 (37:14) l Dark Rag #2 (40:25)

personnel
Evan Parker tenor saxophone
Keith Rowe guitar, electronics

Recorded by Jean-Marc Foussat in concert at Pannonica (Nantes) on December 31st 1999 & January 1st, 2000.

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liner notes
chroniques
reviews

texte de pochette  

Tout au long des années de folle libération des mœurs musicales de la “swinging London” des sixties, les groupes pop n’étaient pas les seuls à tenir le haut du pavé de la créativité et de l’invention. Une poignée de jeunes musiciens — généralement issus des cercles du (free) jazz noir américain et souvent attirés par l’aléatoire, l’atonalité ou le sérialisme — allaient faire table rase du passé et s’engager dans une remise en cause radicale du geste musical à l’intérieur de groupes à l’importance historique forte, tels que AMM et le Spontaneous Music Ensemble.
Visiteur assidu du Little Theatre Club à Londres en 1966, le saxophoniste Evan Parker se trouve vite invité par le batteur John Stevens à participer au Spontaneous Music Ensemble, qui développe une forme d’improvisation délicate et aérée, aux mouvements abstraits généralement lents et calmes, où les contributions individuelles passent derrière la construction collective.
Parker entame alors une longue et fructueuse collaboration avec le guitariste Derek Bailey — interrompue en 1985 —, se produisant avec lui en duo, au sein de la Music Improvisation Company. Parallèlement, il est amené à fréquenter les cercles du robuste free jazz allemand (aux cotés de Peter Brötzmann, au sein du trio d’Alex von Schlippenbach, du Globe Unity Orchestra, etc.), basé sur l'énergie et la puissance.
Prolongeant avec force l’héritage coltranien, il conçoit alors de manière intuitive — afin de pouvoir répondre efficacement aux stimuli de ses partenaires — diverses combinaisons saisissantes de “techniques étendues” sur le plan de l’articulation, de l’attaque, de certains doigtés “fourchus” brisant la colonne d’air et déployant des structures mouvantes d’harmoniques, de la respiration continue (d’abord au soprano, puis plus récemment au ténor), créant ainsi une resplendissante “illusion de polyphonie” au saxophone.
Tout en poursuivant des études d’arts plastiques, Keith Rowe commence à jouer de la guitare au sein de l’orchestre de l’école des beaux-arts de Plymouth (qui deviendra plus tard le Mike Westbrook Band) et participe à la création du groupe AMM — les premiers, en 1965, à abandonner l’idée d’une musique basée sur le répertoire — avec Eddie Prévost et Lou Gare (vite rejoints par Cornelius Cardew, puis par Christopher Hobbs et/ou John Tilbury et Rohan de Saram). Au milieu de connexions explicites avec le jazz et la musique académique, AMM repense radicalement les notions de son et de production musicale en inventant une musique venue de nulle part et coupée de toute allégeance, à travers tout un train de techniques non orthodoxes, d’instruments détournés ou fabriqués, dans une improvisation ouverte à toutes les sources sonores, sans distinction entre “les sons choisis et les sons accidentels” (Cage).
S’inspirant à la fois de musiciens (noirs américains) et de peintres (Duchamp, Pollock, Rauschenberg…), Keith Rowe va complètement déstabiliser la guitare en lui imposant une réévaluation profonde, abandonnant certains de ses éléments traditionnels, comme l’accord ou la relation entre les cordes et les doigts, en en jouant à plat sur une table et la manipulant avec des archets, des tiges de métal, des ressorts ou une radio à transistors, déployant ainsi une “une virtuosité modeste dont l’aboutissement est le simple son” (Christian Wolff).
Se croisant et s’appréciant depuis les mid-sixties (Parker fut l’un des très rares solistes invités par AMM), il aura fallu attendre près de trente-cinq ans pour que Evan Parker et Keith Rowe se produisent pour la première fois en duo, aux Instants chavirés à Montreuil en décembre 1998. Dark Rags est le premier témoignage discographique de la complicité nue de ces deux ardents pionniers. Ici, pas d’étalage de virtuosité ni d’épreuve de force, mais un univers onirique de sons crus et neufs, libérés du poids historique de la tradition, un foisonnement de couleurs éclatées et de textures brutes. Ensemble, ils créent une mosaïque de micro-sons et de scories, une jungle de souffles et de plaintes grouillant et se répondant dans une vertigineuse surimpression de nappes longues et bariolées superbement en prise avec le présent.

Gérard Rouy


liner notes

DARK RAGS (DARKER RAGAS)

What, one wonders, must it be like to hear Parker and Rowe for the first time? None too likely an occurrence, however, given their 35-year involvement in the music, Rowe an early and continuing member of AMM, Parker a long-time front-line GB (1) (and one of the few saxophonists to pick up the soprano without provoking the listener to rue the day that horn was straightened out).
The rags at hand have added a fourth to the raga’s three acknowledged sources : mathematics, astronomy, and psychology – that of autopsy (2), a process by which it is confirmed that the capacities of ears, as those of hearts, are not the same in all of us.
Keith Rowe was one of the first flat, as opposed to slack, object guitarists to measure these capacities, initially with the AMM and drummer-percussionist Eddie Prévost, and currently with John Tilbury, whose recent work includes recordings of Morton Feldman compositions.
The language of each of these players, as with Hindi and Urdu, is almost the same when spoken (played), but different when written (heard).
The duo of Parker and Rowe succeeds in eliminating what other duos strive to simplify. (As in disjunct adjunct ; adjunct disjunct.) Each of these two performances in Nantes on the last Friday of 1999 contains a multiplicity of divisions. (As in out of tempo and in no known tempo.) Such divisions of extremely brief duration reveal an application from raga to rag of the Scruti Truth Sutra, with the duo providing lilting reminders that sound invents.
There is no need to listen here as though monitoring; provisions have been made for you to listen creatively, free of clinging past listening, free of the onerous chores of accumulation. (“Experience a form of paralysis (3).)
Parker and Rowe undertake instantaneous conversions of self-inflicted impediments encountered en route, from first shared note to last, freeing their instruments and themselves from the huffishly sere mannerisms of free (4) in an undertaking wherein a vast compendious inventory of undiscovered sounds is knowingly rummaged through. Even those sounds potentially recalcitrant are brought forth, while bypassing lesser, mouldering sounds-in-waiting (for the arrival, ledger and score in hand, of the next faux improviser). These sounds move between Parker and Rowe from nightposts to barrel rungs to flat rocks to the surface of harbour, and to those long folds of uncut toweling strategically dispersed amid the bogus silences of seminaries.
Products of guitar dissection are deposited in tuned brass bowls and ceramic cups no larger than required to wash an eye, with no notes being employed to make up a large crowd in a small space.
Evan Parker has a way of easing phrases into causes so unplanned that their effects extend into further causes, the wakes of which themselves become source to Rowe, and vice versa. You will notice that not all effects are immediate effects, and that the calling up here of long-ago echoes of sounds in slow streaming is far from wearying - it’s riveting. And as timeless and as weightless as bugs on water.
Just plain unpronounceable sounds occasionally require bending if not splitting, or welding to a neighbouring sound, as is unpredictably the case with perimeter sounds still cutting their milkteeth, and those sullen sounds too self-enchanted to float into relinquishment rather than into mere devices of continuity.
This music is an abundance of beautiful moments.

Paul Haines l June 2000

(1) GB : Global Dispenser.
(2) More conventionally known as metonym for melodic probe, i.e., grabbing the sphinx by the balls.
(3) Erik Satie.
(4) Dieu – comme on le nomme vulgairement – sait que tout le monde en a marre du manque général d'improvisation dans le jazz aride d’aujourd'hui.


chroniques

Même si le saxophoniste fut l’un des très rares musiciens à avoir été invité par AMM, c’est la première fois qu’Evan Parker et Keith Rowe enregistraient ensemble. Ça se passait à Nantes, dans la douceur ouatée du club Pannonica, pendant la nuit de la St-Sylvestre 2000, où le temps était suspendu. Malgré le titre de l’album, nous sommes loin de la musique indienne, même si le programme consiste en deux longues pièces méditatives plutôt calmes d’une sorte de musique industrielle où l’on ne discerne souvent que quelques rumeurs déliquescentes venues de loin. Proche de l’électronique et d’une certaine esthétique « ambient » avec sa guitare de table préparée, Rowe crée des paysages crus où fourmillent d’innombrables textures hérissées par dessus lesquelles Parker se glisse sans furie mais avec une vive tension. On se croirait dans une centrale électrique, une usine métallurgique ou, beaucoup plus poétique, sur un paquebot de nuit, le nez au vent, la tête dans les étoiles…
Gérard Rouy l Jazz Magazine l Novembre 2006


La rencontre du flux électrique et du souffle. Ce duo marche vraiment bien, au premier abord on peut effectivement se dire: il y a d'un côté Keith Rowe et de l'autre Evan Parker, ils jouent ensemble sans être complètement ensemble. Mais le croisement s'opère au fil de l'enregistrement et la confrontation de deux mondes se change en un échange profond où l'on se laisse porter par les grains radiophoniques et la salive brouillasante. Une étrange pâte se dégage de l'ensemble, une trame de fond tissé par Keith Rowe sur laquelle Evan Parker apporte ses couieurs formant ainsi une peinture abstraite faite de forme géométrique, de plusieurs niveaux de lecture et grappes explosives. Le mouvement est descendant allant de l'ébruitement, du carrossage un peu sec vers une étrange plénitude où le flot sonore laisse présager une marée montante; la rencontre ne se fait pas sans heurt et sans dommage, ça parle organique, l'acoustique et l'électrique mais strictement déliées, d'un côté le saxophone, source très reconnaissable, un ténor sans doute et de l'autre moins reconnaissable les cordes, les micros contacts et l'électronique du dispositif de Keith Rowe. Cette pâte restera toujours présente tout au long du disque sans jamais se laisser nommer.
Julien Ottavi l Revue et Corrigée l Juillet 2001


Evan Parker est le maître britannique du saxophone expérimental (ténor et soprano) ; Keith Rowe, anglais lui aussi, est un guitariste "bruitiste" électronique. Ne pas se laisser induire en erreur par le titre de leur album: ces "rags" ne sont pas des ragtimes passés dans une sombre moulinette free, mais bien des lambeaux de musique qui flottent dans une ombre propice aux rêveries muettes. Jamais sans doute dans la musique improvisée on n'aura joué avec autant de délicatesse du souffle continu, autant de tendresse pour ce qui fait l'essentiel de la musique: le silence, bien entendu. Comme le dit Paul Haines, l'écrivain qui accompagne de ses textes depuis plus de quarante ans quelques disques rares et définitifs, il est devenu exceptionnel que deux improvisateurs jouent à ce point de la rencontre pour "libérer leurs instruments et eux-mêmes des maniérismes du free, flétris jusqu'à la transparence pour avoir été trop soufflés".
Ici, tout n'est que beautés surprenantes, et l'on croit voir des chutes bariolées de soieries ou des chiffons de belles laines mêlés à des scories de métal, dans une douce lumière d'atelier où brillent des éclats de son qui caressent plutôt qu'ils n'éveillent l'auditeur de sa stupeur. Les Instants Chavirés à Montreuil, Pannonica à Nantes sont les lieux en France où cette musique est accueillie, appréciée à sa valeur d'échange somptuaire, et le label Potlatch se voue exclusivement à ce présent chavirant, enregistré live comme il se doit pour la musique vivante.
Michel Contat l Télérama l Novembre 2000


Disons qu'il s'agit bien d'un événement. Evan Parker, saxophoniste et Keith Rowe, guitariste, figures majeures de la musique britannique d'une part, européenne d'autre part, ont joué et enregistré en duo pour la première fois en trente-cinq ans de cheminements parallèles dans les musiques improvisées et l'expérimentation, Question de circonstances probablement, mais aussi peut-être d'une volonté non exprimée de se retrouver au moment le plus juste, pour répondre à un appel lancé par la musique. Donc au Pannonica de Nantes excellent endroit - Parker et Rowe jouent ensemble, sans renoncer aux préoccupations esthétiques qui sont propres à chacun, sans non plus transformer l'acte musical instantané en un concours à l'épate où l'un irait dominer l'autre. Même si l'on sait suffisamment bien qu'il n'y eut jamais chez eux de telles dispositions. Sans cri, ni défoulement, ni éclats, Parker et Rowe exposent leur recherche sur les textures et les timbres, leur conception ouverte de la mise en espace et, une fois de plus, leur maîtrise de l'instrument. Un instrument dont la matière et les mécaniques sont considérées comme un tout également producteur de sons. Ce dont les deux artistes démontrent, d'un geste commun, la pertinence. Texte passionné et érudit de notre camarade Gérard Rouy, très belle pochette due à Jean-Marc Foussat, par ailleurs l'ingénieur du son de cet enregistrement d'une grande clarté.
Sylvain Siclier
l Jazzman l Novembre 2000


Quel plaisir doit-il y avoir à publier de telles œuvres ! Fidèle à son habitude, l'enthousiasmant label Potlatch vient de sortir deux "pièces" d'un coup; comme l'hiver dernier (avec le duo Lacy/Bailey, Outcome, P299, et la rencontre de Xavier Charles avec Kristoff K.Roll, La Pièce, P199), un disque d'improvisateurs renommés accompagne un enregistrement d'artistes un peu moins connus; aujourd'hui, Evan Parker et Keith Rowe, avec leurs Dark Rags, ouvrent la route au très recommandable duo de Denman Maroney et de Hans Tammen intitulé Billabong (P100). Les deux Anglais se connaissent depuis trente-cinq ans et n'ont joué en duo que tout récemment (relisez l'interview de Rowe par Gérard Rouy publiée dans nos colonnes), se croisant à maintes reprises dans diverses configurations; avec ce disque se boucle aussi la série d'enregistrements en duo de Parker (qui semble bien être le seul musicien a pouvoir s’insérer dans les fibres de la musique du groupe) avec les membres d'AMM: Eddie Prévost pour l'étonnant Most Materiall (Matchless MRCD33, Dist. Metamkine) et John Tilbury pour Two Chapters and an Epilogue (Matchless MRCD39). Se prolongent aussi de la sorte les rencontres de Rowe avec les anches, dont l'excellent Dial: Log-Rhythm (Matchless MRCD36) avec Jeffrey Morgan. L'entrelacs de références guitaro-saxophonistiques obliques pourrait continuer... de la paire (jusqu'en 1985) des "compatibles" Bailey et Parker, à la présence sur le catalogue Potlatch du duo Lacy/Bailey... Si ces deux derniers peuvent être assimilés à de grands rhétoriqueurs, Evan et Keith relèvent plutôt de la famille des chimistes, vendeurs de matière verbale et tamiseurs d'encre sonore.
Captés lors des festivités nantaises des 31 décembre et 1er janvier derniers, les deux sets offerts présentent Parker au seul ténor (quant à ses prestations au soprano, espérons qu'elles sortent un jour !); son Chicago Solo (1995, Okka OD12017, Dist. Improjazz) sur cet instrument qu'il réinvestit avec ardeur depuis quelques temps avait indiqué la voie : les techniques développées au soprano (telles qu'il les évoque dans De Motu, cf. notre hors série d'automne), transposées au ténor, élargissent le champ d'investigation de ce dernier. Stimulé par les propositions de Rowe, Parker se voit ici obligé d'inventer de nouveaux cheminements : point d'emballements de volutes, mais un nécessaire jeu "sur la brèche" qui étonne, de la fouille de textures jusqu'aux larges et ondulantes poussées legato. La métaphore textile que suggèrent les rags (ces chiffons, guenilles, lambeaux... à moins qu'ils n'évoquent les blagues, les farces, ou quelque ragtime...) peut guider : surface et profondeur des draperies de cathédrales englouties par Rowe, soie sauvage des longues nappes de Parker; le passionnant continuum sonore, de suspensions en hérissements, happe sans retour. Trames froissées ou hachures repesées, escarbilles filantes ou fleuves métalliques (guitare réactive toujours fissile et sax entre jardin de pierres ratissé et écroulements de séracs), outre-dark les matériaux s'inventent dans une complicité qui se vit à une altitude de perception ébahissante. La musique semble demander qu'on invente une nouvelle manière de l’écouter. En audition flottante mais disponible, euphorie et stupéfaction vous guettent ! En écoute acérée, fractales et mondes surimprimés fascinent avec une étrange sérénité !
Une mention particulière enfin à la qualité du livret d'accompagnement: Gérard Rouy et Paul Haines (avec ses Darker Ragas) donnent deux textes impeccables illustres par photo et dessin que complète une pochette splendidement évocatrice ! Quant à la prise de son, elle restitue parfaitement les mouvements de lave et trajectoires de scories. Vraiment, de haut en bas et de part en part, un travail d'artistes très soigné et déjà plus que précieux : nécessaire a tous égards !
Guillaume Darkragshe (Tarche) l ImproJazz l Octobre 2000


reviews

His duo with tenor saxophonist Evan Parker, is as gorgeous as St. Elmo's Fire dancing around a radar mast. Rowe generates an ultradetailed, multi-layered sound field that rises and recedes around Parker's voluptuous, twisting shapes like short-wave-radio static from a distant statlon's signal.
Bill Meyer l Magnet l April 2001


If that threatens to wash him up on the treacherous sandbanks of nostalgie, his collaboration with Evan Parker on Dark Rags pushes back into deep water towards the far edges of the world. Like Rowe, Parker could be perceived to have been doing the same thing' for some decades with his saxophones, reeds, breath and finger dexterity. Humans tend to function in that way, moving towards inertie, growing less innovative, less physically mobile as they grow wiser and more individuated (as Jung would have said). Through its emphasis on the fluidity of seflings a fracturing of expectation, the endless possibilities of complexity generated by combining unpredictable materials, improvisation goes some way to addressing this otherwise miserable paradox of human existence.
Dark Rags is heartening for being so astonishingly rich in its formulations and psychic power, yet still true to the course set so distantly back in the 20th century. Psychic power; did I say that? Not a document for The X-Files, rather an illustration of the way in which subsets of human-ness such as emotion, intellect, instinct, psychosomatic, psychological, spiritual and chemical are more useful to bad doctors than music critics. There are passing suggestions of Indian classical music, both in the inventions of a soloist against a complex drone (which doesn't begin to describe the fluctuations of this musical relabonship) and in the allusions of the album's titre, but also in the depth of these explorations. Feverish and magical, Rowe fires coarse animal bellows, industriel engineering, death rattles, dream dialogues and sine moans at the lashing, twisting Anime plant monster that Parker unleashes. This is a mischievous dialogue too. Aware of Parker's naturel tendency to build upon what he hears, Rowe feeds him " Strangers In The Night ". When Rowe pulls back from an intense assault, leaving only a shivering metallic micro-dance in motion, Parker sidles out of hushed ruminations into the barest hint of " Fascinating Rhythm ". For the record, virtually nothing else from the Jazz Monthly of 1965 has survived.

David Toop l The Wire l December 2000


Headlines: The two giants, Evan Parker and Keith Rowe, of British improvisation over the past 35 years, finally get together for this historic duo recording. Rowe, a founding member of AMM along with Eddie Prevost in 1965, has taken the concept of the guitar as an instrument to the most abstract degree. He plays with the guitar on a flat surface, treating it as an electric processor, utilizing feedback and finessed noises for effect. His constructions are at the expense of a deconstructive guitar. Evan Parker was/is a descendant of John Coltrane's musical logic. He took up where Expression leaves off. Parker was a member of The Spontaneous Music Ensemble, the Music Improvisation Company with Derek Bailey, Alexander von Schlippenbach's bands and Peter Brotzmann's famous Machine Gun session. He has also been recognized for his circular breathing and extended techniques in solo concert, duos with either Bailey or drummer Paul Lytton, and trios adding Barry Guy. Parker's discography rivals that of any working creative music today. But what is significant, is the many sides to his playing, from the furious solo flights to his relatively (for him) subdued Electro-Acoustic Ensemble.
Recorded live as 1999 became 2000 at Pannonica in Nantes, France the duet maintains the subtlest free improvisations I've ever heard. The two parts act as ragas or 'rags,' the Indian meditation music. Rowe's use of almost ambient noise and circulating guitar loops lay out a calmness over the proceeding, and Parker acts accordingly, playing free but without disturbing the soul. Bits of gray noise float in, I hear a radio searching for a station, all the while Parker (on tenor throughout) keeps the peace.
It is easy to be lulled into this music, but don't mistake their relative pacific nature for anything less than complex improvisations. Parker and Rowe have honed their craft over these many years to be in full control over this message. In the relative quiet there is fury. Sometimes an opinion can be best expressed when said in a whisper.
Mark Corroto l All About Jazz l December 2000


Evan Parker is, of course, ever productive, his inventiveness and breath seemingly in infinite supply. Keith Rowe, far more active outside of AMM than he has been in ages, appears to be enjoying a creative renaissance. Twin pillars of European Free Improvisation, and infrequent collaborators by way of Supersession, Parker and Rowe have been overdue for a summit. Just such a meeting played out on the cusp of the Millennium, in separate concerts staged in Nantes, France on 12-31-99 and 1-1-2000. An originator and champion of prepared-guitar and horizontal ("table-top") guitar techniques, Rowe is a formidable foil for Parker's expressive tenor aerobatics. As "Dark Rag #1" opens, the musicians share anxious space within a time-suspended vacuum of tone. The kinetic potential here is clearly enormous. Like sprinters stealing hungry glances at the starting line, Parker and Rowe exchange gestures-a fretboard creak, a trill pregnant with anticipation-and take off. Though at first as patient as Parker is euphoric, Rowe responds to the saxophonist's hyperbolic flights in turn. While Rowe scrapes, strokes, and scours strings to spur Parker's impassioned response, electronic treatments broaden the attack, acting upon deliquescent drones and rhythms like a solvent wash. During quieter sections, Rowe's short-wave radio asserts itself, and Parker plays as if to commune with the murmur of indiscernible voices. At the climax, Rowe engages Parker with quicksilver trickles of electro-acoustic guitar tone, challenging the saxophonist--a bundle of nervous energy throughout--to match this magmatic flow. Parker obliges, but only briefly. He breaks the moment of mutual reflection with a spectacularly elaborate solo. Rowe's guitar responds to Parker's pointed provocation with irascible growls, maintaining a pricklier, almost quarrelsome presence through the remainder of the performance. Whether it's amiable argy-bargy or genuine tension, such antagonism heightens Dark Rags' appeal. It also leaves one wondering whether "Dark Rag #2," which opens in groggy dissonance, is the product of the ultimate New Year's Day drinking binge or the fallout from the first set's spat. Rowe needles Parker with shrill pitches; the saxophonist's slurred retort sounds queasy. Cartoonishly vivid bass-bulge and dry, heaving noises give away the joke. It's a hangover, improvised in nauseating Technicolour. Cute. A skittering, jazz-skewed Parker salvo signals the return to serious improv. Rowe pursues a more turbulent tack, providing an inconstant anchor that shifts and groans beneath Parker's blustery phrases. After much lurching and pitching, the harrowing section subsides. Parker plays the passing of the storm in spacious measures, exhibiting a rare vulnerability. Approaching the halfway mark of the 40:25 piece, Rowe tapers off the guitar noise to lulling near-nothingness, leaving a foreign short-wave song to underscore the saxophone. As Parker's solo continues, Rowe conceives a backdrop of metallic shimmers and eerie echoes. The two soundstreams merge beautifully, sustaining the sensitive interplay of these two superb musicians, while carrying the disc to its riveting conclusion.

Gil Gershman l Fakejazz.com l December 2000