Shortcut
Trio Sowari: Phil Durrant / Bertrand Denzler / Burkhard Beins

track listing
Piercing #1 0:17 l #2 0:25 l #3 0:58 l #4 1:19 l #5 0:42 l
Britzelfeld 5:01 l Corridor 3:09 l Dots #1 9:45 l Triton 6:04 l
Vitesse 1:24 l Trespassing 8:45 l Dots #2 9:19 l
Moving Targets 5:01

Trio Sowari
Phil Durrant software sampler/treatments
Bertrand Denzler tenor saxophone
Burkhard Beins percussion & objects

Recorded at "La Muse en Circuit" on november 28 & 29, 2006


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 chroniques

À l’image des 5 Piercings qui ouvrent ce cd, le trio Sowari vous emporte dans un monde onirique et pulsé.
Car si on n’y trouve que très rarement une pulsation affirmée, la construction des morceaux, les boucles, la périodicité des interventions de chacun, donne un rythme à ce disque. Urgent (comme dans Vitesse, et son essoufflement contagieux), hypnotique (Dots 1 & 2), souterrain (Trespassing), joyeux (le Moving Targets final). Quelques plages plus calmes comme Corridor ou Triton (aux multiphoniques étirés).
Au saxophone, les multiples facettes du jeu de Bertrand Denzler : tout en souffle et bruissement, il se fond dans les méandres électroniques de Phil Durrant (samplers) ; en attaques (éoliennes) et bruits de clés, il rivalise avec les interventions de Burkhard Beins (percussions).
Un trio né en 2004 qui livre son deuxième cd (après Three Dances toujours chez potlatch en 2005).
Une musique improvisée qui vous prend au corps.

Laurent Matheron l Asaxweb l Octobre 2009


Pour leur deuxième collaboration sur disque sous le nom de Trio Sowari, Phil Durrant (ayant délaissé le violon pour se consacrer davantage à l’électronique), Bertrand Denzler (saxophone ténor) et Burkhard Beins (percussions), attirent à eux l’électricité qu'il y a dans l’air pour lui trouver sur Shortcut une place adéquate.
Morceaux bruts d’abstraction fondue dans l’atmosphère, les treize improvisations du disque entassent larsens et silences, notes minuscules pour être concentrées, coups secs de balais et dérives pseudo mélodiques de souffles le plus souvent engoncés en tubes. Ténu, le frémissement suffit pour tout transport, qui, à force d’avoir abusé de raccourcis, en arrive au court-circuit révélateur. Les treize étapes, d’avoir su mener jusqu’à une œuvre de minimalisme imposant.
Guillaume Belhommel Le son du grisli l Janvier 2009

 

Le trio Sowari s'inscrit dans la continuation, amorcée au tournant de années 90, du live électronique et de la miniaturisation informatique musicale. L'ordinateur acquit alors une place de choix dans l'improvisation devenant une sorte de nouveau paradigme pour la vieille (et belle) lutherie.
Le temps réel, les traitements, l'échantillonnage, la synthèse, le geste investirent avec une grande force toutes les caractéristiques du son. Morphing, boucles, enveloppes très courtes, très longues, synthèse, capture à la volée, timbres comme couleurs, points, viscosités: autant de territoires qui s'offraient à une nouvelle génération d'improvisateurs lassés de la virtuosité et de l'idiomatisme de ses aînés. Notons que le label Potlatch constitue une sorte d'archive de ce passage de témoins dans lequel Shortcut s'inscrit.
En passant d'une pratique éclatée du violon à celle du logiciel, Phil Durrant traite l'ordinateur comme un versant abstrait de l'instrument préparé. A son sampler, patché dans Reaktor, comme avant à son violon, il applique la même approche délicate de micro- intentions, d'ajustements mentaux substituant les paramètres des curseurs aux pincements des cordes d'une même cartographie mentale.
De leurs cotés, Burkhard Beins et Bertrand Denzler portés par une écoute intense, apportent leurs pierres afin de donner à Shortcut quelque chose de rare, une fusion éclatée de chatoiements et de pauses hantées par le buzz des machines.
Chaque affectation nerveuse trouve sa sensation commune instantanée en réponse au collectif sur un mode pointilliste original. Un dosage d'éclats, de frappes courtes, de frottements, qui s' imbriquent au cordeau avec le computer de Phil Durrant. Un Durrant "faiseur d'univers" dont la force ténue peu commune, opère la synthèse et le liant de ces pièces captivantes.
Boris Wlassof l Revue & Corrigée l Décembre 2008

Un groupe de musique improvisée peut-il fonctionner en dehors des interactions hiérarchiques ? A quelques nuances près, voici l’une des questions posées par le Trio Sowari dans son ébauche de manifeste datée de 2007. A l’écoute de Shortcut, enregistré l’année précédente, on est tenté de répondre par l’affirmative tant le principe d’égo est ici enfoui au profit d’un mode opératoire essentiellement collectif. Idéalisme artistico-égalitaire ? Peut être, mais surtout une démonstration de complémentarité reflétant une grande maturité musicale. Burkhard Beins (percussions), Bertrand Denzler (saxophone ténor) et Phil Durrant (manipulations électroniques) n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai avec ce deuxième enregistrement pour le label Potlatch. Ce dernier montre au passage sa détermination à soutenir sur le long terme des projets dont le langage se construit précisément dans la durée (on pense, à ce sujet, au Contest of Pleasures). Mêlant instruments acoustiques et traitement du son en temps réel, le Trio Sowari fait bon usage de la transmutation sonore : résonance métallique qui induit la vibration d’une membrane qui se dissipe en onde sinusoïdale qui fait sortir de leurs galeries de furtifs insectes, etc. L’intégration/désintégration du matériau de l’autre est au cœur de la démarche du groupe, chaque timbre étant sans cesse altéré par l’addition ou la soustraction d’une nouvelle source dont l’existence semble indépendante des éléments qui l’entourent. C’est précisément le caractère auto-génératif de cette musique qui fascine ; comme un tissu organique qui, obéissant à des lois impénétrables, se remanie lentement, produisant incidemment des phénomènes dont la rémanence en influence d’autres. Captivant dualisme entre corrélation et causalité, Shortcut brouille un peu plus les pistes de l’improvisation contemporaine.
Jean-Claude Gevrey l Octopus l Décembre 2008

 

Le trio Sowari se compose de Phil Durrant, violoniste britannique devenu spécialiste de l’électronique (au laptop et au logiciel libre lloopp), Bertrand Denzler, saxophoniste suisse (membre du quintet Hubbub et du quatuor de saxes Propagations), et Burkhard Beins, percussionniste allemand. Shortcut est leur second album après Three Dances, également enregistré chez Potlatch.
Leur démarche s’inscrit dans une école « minimaliste » des musiques improvisées qui s’intéresse davantage aux sons bruts qu’aux notes, dans un volume sonore où il s’agit de tendre l’oreille pour discerner toute la richesse et la vie d’une jungle de textures et timbres compacts et insaisissables, paisibles (sans être apathiques) et néanmoins vifs et nerveux. Un univers sonore fait de drones et jeux de fréquences, souffles et battements, silences et résonances, harmoniques, mirages acoustiques et autres bruissements électroacoustiques pointillistes. Avec Shortcut, ils ont choisi d’explorer d’abord cinq très brefs avatars (de 17 secondes à 1 minute 19) de la pièce Piercing, suivis de sept autres morceaux (n’éxédant par 9 minutes 19), où les sons électroniques et acoustiques se côtoient dans la plus parfaite tolérance réciproque. Une musique qui interroge la manière d’aborder la pratique musicale et son écoute.
Gérard Rouy l Jazz Magazine l Décembre 2008


Ce n’est pas la première fois que le label Potlatch (qui fête ses dix ans – et près de trente disques) manifeste sa fidélité aux musiciens qu’il publie (de Bailey à Doneda, Lazro, Butcher ou Rowe…) ; cette constance permet de retrouver aujourd’hui le Trio Sowari de Phil Durrant (sampl, treat), Bertrand Denzler (ts) et Burkhard Beins (perc, obj, electr) dans les mêmes conditions d’enregistrement qu’en novembre 2004 au studio de La muse en circuit pour leurs Three dances.
Aux longues pièces de l’époque succèdent, lors de cette session de novembre 2006 qui nous parvient sous le titre de Shortcut, treize courtes improvisations (ou short cuts… si vous aimez Carver et Altman) agencées en un album encore plus réussi que la galette inaugurale. Cette brièveté, curieusement, n’apparaît pas comme une contrainte : la tension de l’atmosphère n’a rien d’une crispation et c’est comme si, la maturation du groupe s’étant accompagnée d’une distillation des moyens et effets, il évoluait maintenant avec une gestuelle sans emphase – impeccable et modeste, pourrait-on dire – sur de rêches velours noctur-nes, avec une élégante économie dans le sablage des surfaces et l’élaboration d’agrégats multidimensionnels. Excellent !
Guillaume Tarche l Improjazz l Novembre 2008

 

 

 reviews

Trio Sowari’s first release, Three Dances, was one of the musical highlights of 2005. Happily, their follow-up, Shortcut, is every bit as good. One of things that’s particularly impressive about it is tenor saxophonist Bertrand Denzler’s astute deployment of the mostly unorthodox sounds he draws from his instrument. In some quarters it has been argued that saxophones are an anathema to EAI, that they sit uncomfortably in the music. Denzler proves otherwise. His blasts of tuned air and percussive pad tapping blend superbly with Burkhard Beins’s largely textural rather than percussive approach to his kit, especially when Beins makes swishing sounds by gently rubbing one of his drumskins with a block of polystyrene. Beins also plays ‘small electrics’, which merge with Phil Durrant’s software samplers and treatments.
Particularly good examples of the trio’s textural interplay can be heard on Corridor and the pointillistic track that immediately follows it, Dots #1. Running to almost ten minutes, the latter track is one of the lengthiest on the aptly titled Shortcut; most are half that length or less, and the five parts of Piercing, with which the CD begins, total less than four minutes. But even when the trio is working in Webernian miniature there’s nothing insubstantial about the music, it’s robust and emphatic, merely stripped of inessentials. Though ideas are sometimes teased out at length, as on Trespassing, the turnover of events is often surprisingly swift – or perhaps it just seems like that because the music is consistently engaging.
Brian Marley l Signal To Noise l March 2009

 

In their ear-stinging adherence to the rules of regimented severity as far as the absence of cuddling timbres is concerned, Trio Sowari (Phil Durrant, Bertrand Denzler and Burkhard Beins) are an inflexible unit, uncompromising representatives of non-indulgent perception working with software samples, treatments, tenor sax, percussion, objects and “small electrics”.
Shortcut begins with a programmatic declaration of sorts, five razor-sharp pieces aptly titled Piercing which, despite the extremely short duration, point to a field of activity where a cold impassiveness in front of any kind of emotion is the rule to comply with. Freezing whispers, tiny lacerations of silence and articulated pops revealing the exact diameter of the originating conduit are put adjacent to practically invisible percussive gestures; movements comparable to someone who, wide awake in the dead of night, decides to start fiddling the insides of a miniature vessel with the poise and the calmness necessary to avoid waking up the rest of the family. Rarely the presence of an uninterrupted sound can be appreciated, if you happen to consider the harmonic features of a two-minute buzzing hum as such. Let’s not forget it: a well placed drone puts inexplicable mechanisms of our consciousness in motion; the cause is still to be exactly determined, but there must be a reason if so many artists are drawn to that type of secretion. In Triton the deficiency of rhapsodic fervour is denoted by empty simulacra of desolateness, the sources combining in swelling surges of petrifying subterranean vibrations and reticent frequencies, while Trespassing echoes the sterility of humanity’s fruitless seeking for divine attributes in their insignificant existence through dampened bumps and soft bounces amidst barely variable currents of unmusical resonance. Dots #2 shuts every door to any residual hope of comprehension, impenetrably inhuman vestiges of what we used to call “notes” diffusing a rational pressure in the environment, undetectable poisoning fumes in an only apparently clear sky.
Massimo Ricci l Touching Extremes l January 2009

Recorded at La Muse En Circuit studio just outside Paris at the end of November 2006, Shortcut is a fine follow-up to Trio Sowari's 2005 debut outing Three Dances, also on Potlatch. I suppose you'd still file it away under "EAI", but it's a good example of just how difficult that particular term is to define. Long tracks? Well, not necessarily: the first four are over and done with in under three minutes. Slowmoving? Not always: anyone who's seen Messrs. Durrant (Phil, laptop) Beins (Burkhard, percussion) and Denzler (Bertrand, tenor sax) in action will have been impressed by the often sprightly nature of their music, and that's very much in evidence here. Quiet? For the most part yes, but not always: Durrant in particular can get quite boisterous when he wants to. His violin has been sitting in its case for a while now, but Shortcut's intricate exchanges have more in common with his earlier work, notably the great trio with Johns Butcher and Russell, than you might think.
Those who've taken it upon themselves to seek out precursors of latterday EAI / lowercase / reductionism have been quick to point to AMM (logically enough, given Keith Rowe's prominence in the scene), but I have a sneaking suspicion that John Stevens' work with the various incarnations of his Spontaneous Music Ensemble might prove to have been just as influential in the long run. I'd argue that a line could be traced back from the tight interplay of Shortcut's superb closing track Moving Targets via The Scenic Route to the SME's A New Distance and Face To Face. That said, there's nothing remotely retro about this music: the sonic pinpricks of Dots #2
are as exquisitely placed and compelling as anything on Durrant's two seminal lowercase outings with Thomas Lehn and Radu Malfatti, beinhaltung and dach, and the rich textures of Trespassing should certainly appeal to EAI purists, all 150 of them. Musicianship and creativity of the highest order – if it didn't make it to your Christmas stocking this year, make sure it gets there in 2009.
Dan Warburton l Paris Transatlantic l December 2008

 

Someone is listening. Shortcut, the second release by European minimalist improvisation group Trio Sowari is proof enough. They're listening, not in the auditory sense, but in the experience of harkening, attending, and actually hearing.
Trio Sowari is comprised of Phil Durant, the English violinist turned electronics specialist, Swiss saxophonist Bertrand Denzler, and German percussionist Burkhard Beins. This release, like 2005's Three Dances (Potlatch Records), is a schooled recording, favoring restraint over noise and texture over chaos.
Don't plan to get up and dance to this music. It requires attention to pick up clues from the sounds. The trio keeps things, for the most part, unobtrusive and placid without becoming apathetic. That's because the three interact so well. Betrand Denzler who has worked with Jean-Luc Guionnet, Stéphane Rives, and Frédéric Blondy, is a master of the breathy saxophone; mining his instrument for pop, inhalations, clicks and over-blown notes. Paired with percussionist Burkhard Beins (Phosphor) and superstar Phil Durrant, the saxophonist falls into the groove. Well, maybe not a groove so much as a conscious style.
The listening experience here is either the confounding question of who made what sound or it is simply a reflection on the textures created. From the on/off switching of the very short Piercing pieces, with lengths from 17 seconds to 1:19 to the rumble of Moving Targets and the ticking of Dots #2, the sounds offer the meditative simplicity of the acoustics of electricity that cannot be ignored. It's unclear how or what they've done, but surely Trio Sowari has done it again.
Mark Corroto l All About Jazz l October 2008